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Après les tensions des derniers mois, le temps est venu de redonner souffle et perspectives au développement des énergies renouvelables en France. Ce à quoi s'est appliquée, avec sa conviction habituelle, la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, lors des deuxièmes rencontres parlementaires sur l'énergie organisées le 12 mai par le président de la Commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, Serge Poignant.
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Quoi de mieux pour « redonner l'envie » à une profession quelque peu désabusée que d'annoncer des échéances précises et de promettre des ajustements là où ce sera nécessaire ? C'est ainsi que la ministre de l'Ecologie a annoncé le lancement « le plus rapidement possible » des appels d'offres pour les installations solaires de 100 à 250 kW et au-delà, Eric Besson et elle devant faire des propositions de cahier des charges d'ici à la fin de ce mois. Côté méthanisation, le tarif d'achat sera « revalorisé la semaine prochaine » de plus de 15 % pour les petites et moyennes installations. Objectif : 100 projets par an quand il n'y en a que 15 en service actuellement. Enfin, l'appel d'offres pour l'éolien offshore sera lancé début juin, confirme Nathalie Kosciusko-Morizet. Si une sixième zone n'a pas été ajoutée, le couperet lié au tarif d'achat (fixé entre 150 et 165 euros/MWh, un niveau insuffisant selon les intéressés) a, lui, été supprimé, selon notre confrère Enerpresse. « Les lauréats seront désignés avant mai 2012 », ajoute la ministre, afin « que les choses se fassent de toute façon... ». Et « dès le deuxième semestre 2012, on identifiera les zones pour la deuxième tranche », promet-elle.

Les outils ainsi « tous là », la fin de cette année pourrait être consacrée « au réexamen des ajustements nécessaire », indique, de son côté, le directeur général de l'Energie et du Climat, Pierre-Franck-Chevet, se déclarant « totalement ouvert » à la discussion.

En marge de la conférence, le président du Syndicat des énergies renouvelables, Jean-Louis Bal, se félicite de ces interventions de la puissance publique, estimant qu'il a été entendu lorsqu'il a appelé le mois dernier, lors de sa première conférence de presse, à « rectifier le tir », faute de rater l'objectif de 23 % d'énergies renouvelables en 2020. Il se réjouit d'avoir entendu Nathalie Kosciusko-Morizet évoquer une « extension » du Fonds Chaleur de l'Ademe qui permet de financer les projets biomasse et indiqué qu'elle travaille sur une « réforme de l'Eco PTZ pour qu'on puisse faire plus », l'outil étant reconnu insuffisamment attractif.

 

Le fil directeur : l'emploi

Il n'est bien sûr pas question d'oublier que ce sont « 4 à 5 milliards d'euros d'argent public que nous investissons par an dans cette transition énergétique », ainsi que le rappelle Pierre-Franck Chevet. Mais le fil directeur « dans l'année » qui vient, c'est que ce développement des énergies renouvelables profite à l'emploi, redira plusieurs fois la ministre, évoquant la nécessité de «faire rimer Grenelle-energies renouvelables et emplois, emplois pour tous». Le gouvernement, affirme-t-elle, « est mobilisé pour préparer la constitution des filières industrielles de demain ».

Dans cette démarche, un coup de pouce pourrait venir de Bruxelles dans le cadre du projet NER 300 qui vise à financer des démonstrateurs pré-commerciaux de grande taille. Paris a transmis, le 9 mai, les cinq dossiers retenus qui concernent les biocarburants et les énergies marines... mais relèvent pour l'instant du plus grand secret. Fin 2012, Bruxelles donnera les résultats. Un à trois projets pourront être retenus par pays. «Si on gagne, ce sera structurant» pour les filières, observe-t-on à la DGEC.